ADSMNP

Agréée Protection de l'environnement (cadre régional)

Les Moulins : Patrimoine, Biodiversité, Energie

Les diverses parties d’un moulin à eau

Images réalisées par Le CIREVE (plateau technique de l'Université de Caen)

Moulin à eau (Ph. Fleury)

L'AMENAGEMENT DES RIVIERES

Extrait du livre « Les Moulins à eau de Rouen » - Dr Alfred Cerné (1936)



Le principe de cet aménagement a dû paraître de tout temps si simple que personne semble l'avoir formulé, et si je crois devoir le faire, c’est surtout pour saisir l'occasion d'indiquer les expressions locales qui en désignent les diverses parties.

Pour tous les métiers, les différences de langage étaient grandes dans les diverses régions et, dans le cas présent, on ne trouve pas grand’chose à glaner dans les dictionnaires anciens. Tout au plus ai-je trouvé à la Bibliothèque municipale une modeste brochure in-12, éditée à Amsterdam en 1786, mais écrite par un - Français anonyme, probablement de la région parisienne, ayant pour titre : Manuel ou vocabulaire des moulins à pot, contenant l'explication des termes techniques et ce qu'il est plus nécessaire à tous Meuniers et Propriétaires de moulins de connaître.

Les renseignements sur mon sujet n'y sont pas nombreux, mais ils sont tout de même précieux.

D'une manière évidente, l'établissement d'une roue de moulin sur une des rives d'un cours d'eau comporte d'abord la séparation de celui-ci en deux canaux : celui au moulin et celui d'un écoulement direct de l'eau ; il suppose un système d'écluses et de· vannes permettant de diriger le courant dans l’un ou l’autre de ces canaux et d'en réglementer la quantité.

La roue du moulin tourne dans une espèce de cage que notre brochure appelle la coursière, compris entre deux murs : du côté du bâtiment, la tampane Paraît venir de tympan (tambour), terme employé par Vitruve pour désigner la roue, traversée par l'essieu du grand arbre de la roue ; du côté extérieur, la contrescarpe de la coursière, sur laquelle repose. le bout de cet essieu. 


L'action du courant sur la roue du moulin peut s'exercer de diverses manières.

Vitruve ne parle que de la poussée d'eau qui fait tourner une roue; il semble donc qu'on n'utilisât alors que la force du courant, fonction de la pente de la rivière ; cependant les Romains n'ignoraient ni les chutes d'eau ni les barrages qui en créent, et sans doute ne tardèrent-ils pas à leur demander un accroissement de cette force.


On distingue actuellement trois sortes de roues hydrauliques que, par une singulière antiphrase, on désigne par le mode d'arrivée de l'eau.

Lorsque l'on dispose, naturellement ou artificiellement, d'une forte dénivellation, on amène l'eau au-dessus de la roue ; elle tombe dans des godets ou augets dont le remplissage produit un poids moteur. La roue est dite en dessus ; c'est le moulin à pot de notre brochure. Avec de faibles dénivellations, on a la roue en dessous ou la roue de côté.

Dans la première, une vanne verticale laisse passer l'eau au-dessous d'elle, en face même des palettes ou aubes de la roue, mais incomplètement ; une partie s'accumule derrière la vanne et son poids augmente la force de propulsion du courant. (…)

Dans la seconde, la vanne, inclinée, est formée de deux segments dont l'antérieur, mobile devant le postérieur, fixe, s'abaisse sur un seuil. L'eau passe au-dessus de cette vanne et vient tomber sur un plus ou moins grand nombre - le plus possible - des palettes du segment inférieur de la roue, dont le lit de la coursière épouse la courbure au plus près, de manière que la quantité d'eau inutilisée soit réduite au minimum.


Nos rivières, lentes et paresseuses, ne disposaient pas de chutes naturelles et ne permettaient pas la création de chutes artificielles de grande hauteur, nulle part, sur le territoire de Rouen ou de la banlieue, la chute n'atteint deux mètres, mais elle ne manque nulle part. Notons que le mot de chute ne figure pas dans nos documents ; on y voit seulement apparaître - assez tard - le saut du moulin, mais il ne fait pas partie des caractéristiques visées par les registres de visite, les autres paraissant probablement suffisantes et plus faciles à relever.

Le système était donc celui de la roue de côté, mais avec le dispositif de la roue en dessous, l'eau passant au-dessous d'une vanne utilisée seulement pour ouvrir ou fermer le courant.


En amont de la chute était un plancher formé de grosses pierres plates juxtaposées et disposées dans un espace vaguement triangulaire, allant se rétrécissant du seuil gravier au seuil dépencier, bord supérieur de la chute dans le- no, terme désignant la coursière ou du moins son fond « au droit de dessoubz du parmy de la grande roue à eaue » ; les murs étaient des tresteaux, postilles ou espondes (appui de l'essieu).

Un peu au-dessus du-seuil dépencier, l'entrée de la dépence pouvait être fermée par l'abaissement d’une vanne qui détournait l'eau vers la vuidange ouverte sur l'un des côtés du plancher et qui, pourvue d'un ou deux esseaux séparés par un maineau,

commandait le canal d'évacuation ou arrière-fossé. En cas de deux moulins géminés, la vidange était-placée entre les murs extérieurs des cages, une sorte d'épi, la pointe ou espée, dirigeait l'eau vers le moulin en activité.

Le plancher étant légèrement incliné, cette inclinaison mesure la pente de l'eau, proportionnée à la longueur du plancher.


On trouve notés la largeur du no, de la vuidange, de l'arrière-fossé, l'épaisseur du tresteau extérieur, etc. Enfin, un repère de cuivre, dont le centre était situé exactement à deux pieds au-dessus du seuil gravier, était fiché dans un des murs ; on l'appelait le caractère, et peut-être présentait-il une marque caractéristique de chaque moulin ; du moins trouvons-nous indiqué en 1350 deux repères portant, l'un deux compas et l'autre une tête de cerf.

Des repères en fer, disséminés le long des rivières, existent toujours, évidemment pour fixer le niveau du lit au moment des curages. Dans les moulins subsistants, nos meuniers les appellent bien repères, et appellent caractère une pierre plate placée en tête du seuil gravier.

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